
Etat déplorable des Monument de Monplaisir
Une réunion de restitution de l’étude faite sur le Monument des Frères Lumière a eu lieu le 9 avril 2019 en la présence de M. Jean Dominique Durand, adjoint au Patrimoine à la Mairie de Lyon, d’élus et du CIL Monplaisir.
L’état est déplorable et les travaux coûteront très chers (estimation à 140 000 €) donc il faudra trouver un financement…….
Voici une partie de ce rapport:
ETAT DES LIEUX DE LA SITUATION DU MONUMENT FRERES LUMIERE - 2019
PRÉCONISATIONS DE RESTAURATION – PROBLÉMATIQUE DE TRAITEMENT
1 – La problématique urgente qui se dégage après étude est le retrait des petits arbustes qui sont en train de se développer entre les parements sculptés et les blocs de maçonnerie. En effet, si la pression devient trop importante, il y a un risque de fragilisation du scellement et de fissuration du parement (car c’est la partie la plus fine de la pierre). Cette intervention ne pourra cependant pas se faire à la nacelle car une possibilité d’élingage de sécurisation du parement concerné doit être envisagée au moment de l’extraction de l’arbuste. En effet, l’accroche mécanique de l’arbuste a pu fragiliser la tenue mécanique des pattes fixées dans la maçonnerie. Son retrait peut engendrer un mouvement du parement, voire son descellement.
2 – Il est également possible que la dégradation des joints ait entraîné une corrosion des armatures en métal non ferreux. La vérification structurelle des assemblages doit être faite, lors de cette restauration, pour détecter d’éventuels risques de chute de parements.
3 – Par ailleurs, le bas-relief présente des altérations caractéristiques d’œuvre d’extérieur, avec la présence de micro -organismes dans les zones abritées et de pulvérulences dans les zones soumises aux ruissellements de pluie et à l’érosion éolienne.
Mais la dimension étendue de ces altérations qui couvrent l’intégralité des 19,50 m de long de reliefs sculptés, nécessite un traitement complet de la surface.
4 – Enfin, ce bilan démontre la nécessité de reprise de tous les joints car ils constituent des voies d’accès d’eau, sources de dégradations supplémentaires.
Tous ces éléments de dégradation (arbustes développés en divers endroits, micro-organismes et pulvérulences couvrant toute la surface, joints dégradés sur 90 % du monument) amènent à préconiser une restauration complète du monument.
A l’issue de cette restauration, et pour les années suivantes, il pourra être envisagé des interventions ponctuelles d’entretien à l’aide d’une nacelle élévatrice
PRÉCONISATIONS DE TRAITEMENTS
Traitement biocide
Traitement biocide pour éliminer les micro-organismes par application de produit biocide (fiche technique jointe) exempt de glyphosates. Le traitement consiste à pulvériser sur les surfaces, un ammonium quaternaire (NET ’TOIT ®) dilué à 3 % dans l’eau, appliqué en 3 passes, pour dévitaliser les micro-organismes.
Pré-consolidation
Pré-consolidation au silicate d’éthyle SILRES OH 100 (Walker) ® Consolidation par imprégnation de silicate d’éthyle sur toutes les zones pulvérulentes du monument. Cela représente environ 30 % de la surface sur les parements hauts.
Nettoyage
Le nettoyage à l’eau pour éliminer les micro-organismes type algues et mousses, est efficace. Un nettoyeur basse pression (2 bars) peut être envisagé. Un nettoyage à la brosse nylon est également recommandé. Un nettoyage (haute pression) est interdit, car cela engendrerait des altérations supplémentaires sur une surface déjà fragilisée par des traitements anciens. Les zones de pulvérulences relevées correspondent en effet à d’anciennes zones de croûtes noires. Le nettoyage a probablement été agressif et la surface non traitée de façon adéquate (consolidation également nécessaire).
Dans un second temps, les lichens incrustés (sur les dessus de corniche et dans les zones de creux) ne peuvent se nettoyer que par microsablage, technique efficace tout en étant respectueuse de l’épiderme de la pierre. Après avoir fait des tests pour évaluer la bonne
pression et la granulométrie et l’abrasif adapté (2 bars maximum et granulométrie maximale de 50 µm, type ARCHIFINE n ° 7 ou 8 (pas 5 qui est trop grosse), il consiste en un balayage de la surface par microsablage pour retirer les lichens noirs qui résistent au simple brossage manuel. En nettoyage par balayage, il est préconisé d’employer une micro sableuse pour les replis fins et les zones difficiles d’accès. En complément, une sableuse dont la buse de sortie de poudre permet un apport de poudre large (autour de 0,5 mm) pour les surfaces non fragilisées et accessibles. La pression se situe entre 1 et 2 bars pour s’adapter à la fragilité du matériau et présentant des zones de fragilité (érosion de la pierre).
Nettoyage du chantier après microsablage, évacuation des déchets d’abrasif et recyclage en déchetterie spécialisée sont à prévoir dans le chiffrage.
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Reprise des joints et comblement des fissures
Pour refermer les joints et fissures existantes, le matériau de base employé est de la chaux hydraulique de dureté 2,5 à 3, respirante et présentant une excellente affinité chimique avec la pierre. Sa couleur devra s’adapter à la couleur de la pierre, avec l’ajout de poudres de pierre colorées, plus stables en pigmentation que les pigments libres.
La chaux est moins dure que le ciment, plus perméable que la pierre, lui garantissant ainsi une évacuation de l’humidité tout en évitant les infiltrations d’eau.
Retrait mécanique de tous les joints dégradés
Les joints dégradés doivent être au préalable purgés avant de réaliser un nouveau jointoiement. Ce retrait des mortiers de ciment anciens se fera à la massette et au ciseau pour les endroits les plus fins. Des outils électroportatifs de type Fein peuvent être utilisés également pour dégrader les joints.
Quantité estimée de joints à reprendre avec un mortier de chaux hydraulique :
Joints verticaux :
– registre haut : h. 1, 80 m x 23 joints verticaux = 41,40 m linéaires de joints
– registre bas : h .1, 80 m x 14 joints verticaux = 2 5,2 m linéaires de joints
Joints horizontaux :
– 1 ligne de joints de 19,50 m de long x 1 à 2 cm de profondeur en partie médiane entre les deux registres
– 1 ligne de joints de 19,50 m de long x 2 à 3 cm de profondeur en partie haute, sur le dessus du monument
Total joints à reprendre = 41,40 + 25,2 + 19,50 + 19,50 = 105,60 m
– 10 % de joints estimés non dégradés
Attention : ce calcul ne compte pas la reprise de joints de maçonnerie entre parements et blocs maçonnés, ni le dessus. Ce calcul est à destination du LOT MAÇONNERIE :
En coulis d’injection :
Zone d’assemblage entre parements et blocs maçonnés, à l’arrière du décor : Représente une surface de 19,5 0 m x 3,6 0 m de hauteur soit 70 m 2
Comblement des micro -fissures et fissures :
Pour les micro-fissures, infiltration de PLM -S ® (mélange de chaux hydraulique, poudre de marbre et adhésif acrylique), dont la granulométrie très fine et la bonne pénétration dans le matériau permettent de refermer des zones d’effritement pour stabiliser l’érosion afin de s’adapter aux différentes largeurs de fissures, des mortiers de chaux hydraulique de granulométries différentes devront être employés. Le mortier est teinté dans la masse avec des poudres de pierre colorées, afin de se mettre au niveau coloré des surfaces à refermer.
L’emploi privilégié de poudres de pierres teintées naturellement (Villebois et Hauteville par exemple), permet d’assurer la stabilité des couleurs des joints dans le temps.
Réalisation d’un badigeon de chaux protecteur et sacrificiel
La réalisation d’un badigeon de chaux serait préconisée pour plusieurs raisons :
– Le badigeon de chaux a pour objectif d’harmoniser les teintes entre les différentes zones de pierre qui ont vieilli différemment (lessivage, zones de croûtes noires plus rosées, etc.).
– Par ailleurs, le choix d’appliquer un badigeon de chaux permet de retarder la reprise des micro-organismes sur les surfaces. En effet, la chaux possède des propriétés algicides puisqu’elle est légèrement basique.
– Enfin, ce badigeon de chaux aurait pour but de protéger les surfaces très érodées sans avoir l’inconvénient d’un produit hydrofuge dont le vieillissement peut causer plus de dégâts qu’avant restauration. Un traitement hydrofuge a pour but d’imperméabiliser la pierre. Cela empêche la pénétration de l’eau mais aussi son évaporation du substrat quand celle-ci a pénétré (par des joints à nouveau défectueux ou des zones non traitées). Or la rétention d’eau dans la pierre provoque des développements de micro-organismes, des pulvérulences du matériau qui ne peut plus sécher. Le badigeon de chaux a tendance à se dégrader plus vite mais sur le temps où il est présent en surface, il constitue une couche sacrificielle qui protège la pierre de l’érosion, tout en laissant la pierre respirer et s’équilibrer avec son milieu de conservation (évaporation de l’humidité).
Des tests de couleur du badigeon de chaux doivent être réalisés au préalable, afin de trouver un ton neutre et de ne pas opacifier complètement les nuances des volumes sculptés. La teinte doit être validée par le responsable du service des affaires culturelles en charge du suivi de la restauration.
Le badigeon est teinté dans la masse avec des pigments ocres stables, afin de s’harmoniser avec la teinte d’origine de la pierre.
21 mars 2017: Réponse de Mr Jean-Dominique Durand Adjoint au Maire de Lyon Patrimoine – Mémoire – Anciens Combattants
La situation est complexe car leur implantation géographique sur une emprise Métropole génère des problèmes d’identification de domanialité. En l’absence de convention entre la Ville de Lyon et la Métropole, se pose la difficulté de financer la remise en état d’ouvrages qui n’appartiendraient pas à la Ville de Lyon.
Suite aux différentes recherches effectuées auprès de nos services (Gestion Urbaine de Proximité et Direction des Affaires culturelles de la Ville de Lyon), nous sommes aujourd’hui en mesure de dégager les éléments suivants
1. Monument aux morts et stèle Ambroise Courtois : restauration et nettoyage seront réalisés par les services de la Ville de Lyon d’ici l’été 2017.
2. Monument des Frères Lumière : nous recherchons activement avec nos services la responsabilité respective de la Ville et de la Métropole pour la prise en charge des travaux de restauration.
3. Monument du Service de Santé : le propriétaire reste encore à identifier
19 avril 2017: Réponse de Mr Durand
« Nous n’avons rien de nouveau à ce jour, mais nous ne manquerons pas de vous tenir informée des avancées de ce dossier. »
21 juin 2017: Des travaux de nettoyage du Monument aux Morts et de la Stèle Ambroise Courtois ont été commencés et terminés. Il ne manque que quelques fleurs autour du Monument aux Morts pour éviter une nouvelle souillure.
17 décembre 2017: Transmission du dossier à Monsieur Renucci directeur du patrimoine à la Métropole. Réponse négative, mais missive envoyée à la direction des affaires juridiques afin qu’elle étudie avec attention ce nouveau cas de monument délaissé.
9 avril 2018: relance suite à des réponses évasives indiquant des recherches sans résultats.
Envoi d’un nouveau dossier regroupant des recherches faites par le CIL Monplaisir autour de ce monument.
Ce dossier a été transmis à la Ville de Lyon, à la Métropole, à l’Institut Lumière, à la fondation Bullukian.
Article paru dans le Progrès du 9 janvier 2018
Lundi 19 novembre 2018: la Mairie a mandaté une Restauratrice des Monuments pour faire une étude sur le monument des Frères Lumière.
En attendant son rapport, elle nous a déjà signalé le très mauvais état de ce monument (90 % des joints sont à refaire…) et l’échafaudage risque d’être très compliqué donc très onéreux ….! A suivre….
Article du progrès du 4/06/2016